faire connaissance

Toujours en mode "faisons connaissance" avec le gars qui vit à 45 minutes de chez moi (je vais l'appeler le Sam = Sans Auto-Mobile). Sorry, mais faut bien que l'on s'y retrouve ...

Il est très présent. Il est adorable. Ses enfants n'ont qu'une hâte : qu'il refasse sa vie! Il m'a offert des bonbons et une super jolie plante pour mon anniversaire. Il paye le Resto malgré son surendettement (je ne prends pas de dessert!). Il n'a pas encore cherché à me sauter dessus, même pas à m'embrasser. Il se contente de me serrer contre lui quand on se quitte, et de m'envoyer de gentils SMS à longueur de journée. De m'écrire que je lui plais. C'est mignon.

Il me raconte aussi ses soucis du boulot et ce qu'il mange midi et soir....222815

 

Ajoutons à cela qu'on regarde les mêmes programmes Tv et qu'il souhaite vraiment refaire sa vie, après sept ans de célibat et de galère avec des cas psy et sociaux (lui aussi!).

Il a une copine super sympa qui est devenue ma copine aussi.

C'est un bon papa, qui ne serait pas contre le fait de le redevenir.

Un bon gars.

Il est parfait, quoi!

 

Oui, mais...
(Vous vous rappelez? Y'a toujours un "oui, mais...")

MademoiselleOmNHdef-1Couv

 

Mais...

-il n'est pas vraiment mon style : look basique/simple, pas de cheveux, et un (très) gros bide, qu'il ne semble pas soucieux de perdre vu le peu d'efforts alimentaires mis en œuvre (en fait, aucun effort alimentaire car c'est sucreries, pain et bières à gogo). Bref, je n'ai pas de réelle attirance physique et il y a peu de chances que cela évolue s'il ne réagit pas ;

-il ne me paraît pas être de mon monde : lui , c'est l'usine, la lutte syndicale et un mode de vie pour le moins "classique et modeste", vacances et week ends y compris. Moi qui m'imaginais avec un gars au salaire suffisamment honorable pour permettre escapades , surprises et loisirs en tous genres, ça me paraît difficile ;

-il n'a pas de sujets de conversations de fond, d'idées, d'argumentaires développés sur des thèmes variés... En gros, intellectuellement et culturellement, ça me paraît aussi plutôt modeste... De quoi allons nous discuter au quotidien si ce n'est de sa lutte contre son patron, de son repas du soir, ou de ses enfants?

-il y a cette histoire de surendettement, signe d'une certaine "irresponsabilité" bien peu rassurante (comment a-t-il pu?! - bon, il m'a avoué qu'il avait abusé sur les crédits par le passé), cette vie dans une ville loin de tout (= son ex, son boulot, ses gosses) parce que moins chère, obligeant ses proches (et moi donc, pour "faire connaissance") à se taper les trajets parce qu'il n'a pas de voiture, ses amis à le véhiculer à droite à gauche, et notamment au supermarché quand il a besoin de faire ses courses. Incapable d'acheter une voiture à ce jour ( même une poubelle provisoire, ce qui laisse aussi supposer qu'il n'épargne rien du tout), il semble accepter une situation qui est pour le moins complexe pour lui, mais aussi, et surtout pour son entourage... je pense aux enfants = 1 garçon de 12 ans et une fille de 16 ans qu'il  transporte en bus, et oblige à dormir ensemble dans son lit alors qu'il atterrit sur le canapé.

Résigné? Mauvais gestionnaire? Immature? Peu soucieux du pratique et du confortable? Pas matérialiste ? (Suis-je matérialiste?)
Comment cela serait-il compatible avec une personne comme moi qui anticipe, gère , organise, se bat, trouve des solutions pratiques et rapides, refuse la résignation et la complexité, apprécie le confort, a besoin d'être rassurée et sécurisée, et, toute responsable qu'elle est, déteste calculer et se priver, faire attention à tout en permanence...parce que la vie nous propose tant de plaisirs dont j'ai très envie de profiter. Comment ne serais-je pas agacée par un tel état d'esprit, qui me semble être tout le contraire du moins (au-delà du fait qu'il n'a pas d'argent, c'est plus la question morale de la situation qui m'inquiète).

 

Voilà les "mais".

Les bémols, les oppositions, les doutes.

Je me pose trop de questions, je sais.

Mais j'ai assez galéré dans la vie, et avec les hommes, pour ne plus me lancer les yeux fermés dans quelque chose qui génèrera à terme des frustrations, et finalement un bonheur mitigé ou fragile.

Moi j'aime la vie et je veux un vrai bonheur.

Je ne veux pas les choses à moitié!

Quand on s'est battu pour construire, on ne veut pas revenir en arrière, ou même ralentir.

Quand on a souffert des différences d'état d'esprit, de conceptions, de modes de vie, on tâche de les détecter ensuite plus tôt, pour éviter de nouvelles déconvenues, des souffrances ou déceptions (pour lui, comme pour elle!).

Je suis une chieuse, exigeante.

Je suis ambitieuse, passionnée.

Ceci explique cela.

Je suis une célibataire, nouvellement quarantenaire, et donc encore plus Chieuse, exigeante, ambitieuse, passionnée. Forcément!

Je peux avoir honte : le statut social d'un homme, cela m'importe beaucoup. Je suis égoïste, je pense à moi, je n'ai pas envie de galérer. J'en ai passé l'âge, et j'ai assez donné.

Je peux avoir honte : l'intellect et la culture d'un homme, ses aptitudes à la communication et la compassion, sa psychologie et son éducation, cela m'importe encore plus. Et de ce point de vue là, je pense être véritablement bien trop exigeante. Ça ne tient pas à des connaissances, c'est plus une manière de penser, de réagir, un état d'esprit, un mode de raisonnement, de fonctionnement, un sens de l'écoute, de l'empathie, du partage et du relationnel. Une curiosité, une vivacité, une envie d'apprendre, d'avancer. L'intellect pour moi, c'est tout ça... Et J'ai besoin de quelqu'un qui ait cet intellect-là pour me sentir exister et avancer avec lui. Je n'ai plus envie de faire avancer l'autre, de le pousser, le tirer, et de me voir pomper toute mon énergie et mon intellect pour faire vivre mon couple.

Je peux avoir honte : je ne suis pas Miss Monde, mais je n'aime pas un homme qui ne prend pas soin de lui, qui se laisse aller, qui prend du poids. Ça ne m'excite pas, ça me donne pas envie… et au fond, j'imagine ce que cela serait avec ce genre d'homme au bout de 10 ans de vie commune… je m'imagine à ramasser les chaussettes tous les jours le matin au pied du lit, voire dans la cuisine... Et à prendre du poids avec lui parce qu'il mange comme un pied, et qu'il ne fait jamais attention. Et pourtant j'aime manger, et je ne suis pas une obsédée du corps, je prends moi-même du poids régulièrement, mais je fais attention, je fais du sport, et ça aussi c'est un état d'esprit, et un mode de vie. On l'a en commun, ou on ne l'a pas.

Je peux avoir honte : je veux un homme qui ait une situation et un salaire honorables, je n'ai pas envie de compter les centimes à chaque fin de mois, de compter le nombre de restaurants par trimestre , de ne prévoir que trois jours de vacances par an (en Ardeche, dans le Lubéron, ou pour l'étranger , en Espagne), de rouler dans une vieille carcasse qu'il faudra réparer tous les mois, de bouffer des pâtes de marque Dia ou Auchan budget, de ne plus avoir la possibilité de réaliser certains de mes rêves (même avec des échéances long terme), de ne plus pouvoir m'acheter de la lingerie ou une jolie robe qui me fait envie, parce qu'il gagne juste le SMIC, même si comme un con, il paye ses impôts et travaille comme un fou pour juste payer son loyer dans un deux pièces de 30 m2 et manger steak coquillettes un soir sur deux.

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Je ne suis pas riche moi-même, je galère, mais j'ai fait des études et je me suis battue pour avoir ce que j'ai, je me suis battue pour construire, et je me bats encore au quotidien pour me faire ces petits plaisirs qui sont importants pour moi dans la vie: aller chez l'esthéticienne ou la coiffeuse quand cela devient nécessaire, me payer des fringues sympa dans le coup, manger BIO et responsable, apporter des soins à mes chats, vivre dans un grand appartement avec un jardin, chouchouter ma famille, me payer les abonnements magazines, cinéma, sport, et toutes mes assurances (y compris celles de mes félins!), et surtout me faire des escales ailleurs qu'en Ardèche ou en Espagne ... J'ai honte mais je n'ai pas envie de galérer encore plus ou de me priver, à un âge où l'on doit vivre pleinement parce qu'en principe on est en place et on n'a plus rien à construire, on a juste... à VIVRE !

Je peux avoir honte : car moi je n'ai rien construit, sentimentalement parlant. Et ça, je l'assume... Plus ou moins ?! (peut-être que je compense justement avec le reste).

 

Si je résume:

Être les deux sur le même registre (intellectuel, social, et physique), c'est essentiel pour la réussite du couple, d'après moi.

 

PourquoiAlors voilà où j'en suis, je me pose des questions… ça vous étonne?

Mais...

Je pense tacher de continuer de faire connaissance avec le Sam... Malgré ces doutes, parce qu'il a aussi de nombreuses qualités… et comme vous le savez, je suis toujours open, comme on dit, et qu'à force de toutes ces exigences, je finis toujours par me (m'entendre) dire "tu es trop dure, tu dois essayer".

Essayons, alors!

Et pourtant, on sait bien où cela m'a menée, "d'essayer" à chaque fois...